jeudi 28 juin 2012

Faire face à soi-même

« Nos plus grandes craintes, comme nos plus grandes espérances, ne sont pas au-dessus de nos forces et nous pouvons finir par dominer les unes et réaliser les autres ». - Marcel Proust, Le temps retrouvé (La recherche du temps perdu)

* À mon frère Laurent

Comme le temps file. J’ai réalisé aujourd’hui en consultant mes stats sur Blogger que plus personne ne me lisait... Euh normal, ça fait un mois que je n’ai rien publié ! J’ai effectivement négligé copieusement mes obligations de blogueuse, trop occupée à courir, à assouvir mon désir maladif de perfection à travers divers projets d’aménagement paysager et avouons-le, à siroter beaucoup trop de verres de rosé. Je tiens donc à m’excuser auprès de mes fidèles lecteurs et à vous rassurer, ce n’est pas la fin d'Imposteure... enfin presque.

J’ai passé pas mal de temps à réfléchir à mon blogue au cours des dernières semaines, particulièrement à la direction que j’aimerais lui faire prendre. Je ne l’ai jamais caché, ce projet s’inscrivait dans une démarche plus large visant à mieux comprendre un trouble d’anxiété devenu carrément handicapant, tout en me permettant d’exploiter ma passion pour l’écriture. Vingt-cinq billets plus tard, je pense avoir gagné mon pari. Vous avez été nombreux à souligner mon « courage » mais ma plus grande satisfaction réside dans le fait d’avoir réussi à toucher les gens. J’ai été agréablement surprise par l'accueil que vous m’avez réservé et émue à la lecture de vos messages et commentaires, qui m’ont confirmé que je n’étais pas seule dans mon bateau. Même si à la base ce projet était pour moi, votre feedback positif m’a rassurée quant à la pertinence de mes écrits et m’a donné le guts de continuer. Pour cela, je vous serai éternellement reconnaissante.

Ceci étant dit, neuf mois plus tard, vous assistez à la naissance d’une nouvelle moi ! Non, non, j’ai déjà écrit là-dessus, on ne change pas qui on est, on apprend à vivre avec... Mais disons que je ressens moins le besoin de m’exprimer sur le doute, l’over-analyse, l’atteinte de la perfection et autres sujets tordus si chers à l’Imposteure.


Le moment charnière est survenu le 17 juin dernier au Lac Brome, jour de mon 38 ième anniversaire. Dans la navette qui amenait les coureurs à la ligne de départ, le destin a fait en sorte que Pierre, un beau monsieur dans la cinquantaine, s’assied à côté de moi. Adepte de course à pied depuis huit ans, coureur d’ultra-marathons à Hawaii et au Colorado..., il accompagnait sa conjointe qui courait le 10k pour la première fois. Il était curieux de connaître mon histoire, que je lui ai racontée hésitante et un peu gênée, la trouvant évidemment banale comparée à la sienne... C’est là qu’il m’a dit « Tu sais Catherine, ici, tout le monde est égal. Tu fais ça pour toi. C’est ça la beauté de la course. ». Le Dalai Lama lui-même ne m’aurait pas offert plus belle révélation ! Pour la première fois de ma vie, j’ai eu l’impression d’avoir rapport, d’être enfin à ma place, parce que c’est là que j’avais décidé d’être, tout simplement. Et j’ai passé l’heure suivante à réfléchir à ma vie, à mes choix et au chemin parcouru depuis la dernière année. Ha oui, et à être fière aussi. Sans complexes et sans retenue. Juste fière.

L’inspiration étant plus ou moins au rendez-vous (une bonne chose pour ma santé mentale, moins pour la blogueuse en herbe !), j’ai donc décidé de faire évoluer Imposteure au délà du « journal intime ». D’utiliser cette plate-forme pour réagir à l’actualité ou pour raconter d’autres anecdotes n’étant pas nécessairement alimentées par ma névrose personnelle ! Une de mes anciennes collègues avec qui j’ai travaillé lors de mon premier boulot en communications m’a dit un jour « Décidément, t'as toujours quelque chose à dire sur toute pis tout le monde toi ! ». Et ben voilà !

Soyez sans craintes, mon penchant pour les situations absurdes, l’auto-dérision, les pointes d’humour noir et autres éléments caractéristiques de mon style non-orthodoxe sont là pour rester. On ne change pas une formule gagnante ! Je conserve également la bannière de l’Imposteure. Comme j’ai une opinion bien arrêtée sur tout mais que je ne suis experte dans rien, mon nom de plume demeure tout à fait approprié ! Et finalement, parce qu’il y aura forcément quelques rechutes et épisodes de pétage de coches à l’horizon, je me réserve le droit de réouvrir mon journal de grande fille insécure afin de m’y défouler, quand le besoin se fera sentir. Imposteure un jour, imposteure toujours !

En espérant que vous continuerez de me lire. Bon été à tous !





mercredi 23 mai 2012

Le carré noir

Les propos exprimés dans ce « billet spécial » appartiennent à un tout autre registre que le contenu habituellement publié sur ce blogue. Mais j’ai décidé de prendre avantage de cette plate-forme pour expliquer ma position sur le conflit étudiant, ou plutôt sur la crise sociale qui secoue actuellement le Québec, avant d’en venir aux coups avec ceux et celles avec qui j’ai débattu sur le sujet au cours des quatre derniers mois !

En mai 2011, au lendemain des dernières élections fédérales, j’ai publié une note sur Facebook intitulée Orpheline, dans laquelle j’exprimais ma profonde déception suite à la débandade des libéraux. Abandonnée par le Parti que j’avais soutenu depuis l’âge de dix-huit ans, j’ai voté pour une couleur, le orange, pour les punir d’avoir anéanti l’une des plus grandes traditions politiques de notre pays et d'avoir laissé tomber les canadiens et les canadiennes au profit d’une chicane d’égos entre députés. Je n’ai jamais cru en l’annulation d’un vote, alors j’ai exercé mon droit sans conviction. Stratégiquement ? Même pas. Par vengeance uniquement et j’en garde un souvenir amer.

Orpheline de parti donc mais orpheline aussi dans ce Canada bleu foncé, peuplé de créationnistes incultes et de cowboys sans scrupules aux mains souillées par le pétrole des sables bitumineux. Si vous avez comme moi étudié l’économie, vous savez qu’être conservateur, ça ne veut pas dire remplir les prisons de jeunes délinquants, forcer les journalistes de la télévision d’état à porter un serment d'allégeance ou allouer des sommes astronomiques à l’achat d’avions de chasse...

Je n’ai pas voulu arborer le carré rouge, parce que je ne suis pas socialiste. Je me considère comme une libérale centriste, un peu à gauche et même un peu à droite, quand il le faut et je ne crois pas qu’à l’heure actuelle, nous ayons les moyens d’être un État-Providence à 100 %. Est-ce que cela signifie qu’il faille sacrifier l’éducation ? Absolument pas ! Mais dès les débuts de ce conflit, je me suis sentie coincée dans un débat ultra-polarisé. Je ne suis pas en faveur de la gratuité scolaire, ce qui ne veut pas dire que je suis d’accord avec une augmentation drastique des frais de scolarité. C’est une hausse importante, qui selon moi doit être contestée puisqu’elle laisse présager ce qui pourrait arriver de pire si on cesse de jouer au chien de garde. Je n’ai pas senti non plus que je pouvais parler ouvertement de l’importance du développement économique sans me faire traiter de capitaliste, ni de faire référence à la philosophie, la grande oubliée de ce débat. Pour ou contre les étudiants, la gauche contre la droite, les artistes contre les entrepreneurs, les francos contre les anglos un coup parti ! Ce n’est ni noir ni blanc. La vie est un immense compromis, un océan de gris qu’il faut apprendre à naviguer.

C’était il y a quatorze semaines. Avant le sacrifice de Line Beauchamp, une jeune élue au parcours exceptionnel, utlisée comme bouc émissaire par un gouvernement qui n’a jamais pris les étudiants au sérieux et qui a plutôt vu ce conflit comme une formidable diversion à ses activités de corruption exposées au grand jour. C’était avant la découverte des chiffres du Plan Nord, avant l'entrée en vigueur de la loi 78 et la brutalité policière inutile.

Je me retrouve donc encore une fois orpheline dans ma belle province, médiocrement dirigée par des politiciens sans envergure, qui n’ont pas été à la hauteur des valeurs libérales. Orpheline dans un Québec qui se croyait plus progressiste que le reste du Canada, que le reste de l’amérique du Nord, qui osait se comparer aux pays nordiques mais qui ressemble aujourd’hui à un état totalitaire digne des romans d’Orwell et Huxley. On ne choisit pas entre une économie forte et l’accès à l’éducation de toute une génération. On développe ces deux secteurs en parallèle ! Et il est possible de le faire, ne serait-ce qu’en cessant de brader nos précieuses ressources naturelles ou d’investir nos maigres surplus dans la construction de ponts à péage en PPP ! Et surtout, surtout, quand on se définit comme un exemple de démocratie, un champion des droits et libertés, une terre d’accueil et un havre de paix, on ne peut tout simplement pas imposer à ses citoyens une loi bâillon.

Aujourd’hui, je porte le carré noir tel un un drapeau en berne, symbole de mon deuil face à la mort de mes certitudes et de mes allégeances politiques. Le noir, couleur de l’anarchie... Fait ironique, moi qui ai été éduquée à obéir aux autorités sans discuter et à respecter nos institutions, nos élus. Ces élus et ce Parti auxquels je me suis identifiée et que mon vote à contribué à maintenir au pouvoir... Et enfin, le carré noir de la honte. Oui, la honte de ne pas être descendue dans la rue et de ne pas avoir appuyé spontanément ce mouvement citoyen, au delà des technicalités. La honte et l’indignation face à ce que je suis devenue, comme l’a si bien écrit Stéphane Laporte.

vendredi 4 mai 2012

Le cauchemar du calcul différentiel et intégral

C’est toujours le même rêve. Je suis assise à mon poste de travail quand soudain, deux hommes en noir se dirigent vers moi. Mon estomac se noue. Ça y est, on me congédie ! C’est pire. Les agents viennent m’informer que selon « leurs dossiers », je n’ai pas réussi mon cours de math 103 au cégep, ce qui invalide mon DEC, mon Bac, mon DESS et par conséquent, toute ma carrière en communications.

Je proteste : « ok, c’est vrai, je l’ai coulé, puis abandonné mais le l’ai finalement réussi en cours d’été. Je le jure ! J’ai encore tous mes bulletins et une copie de mon diplôme d’études collégiales pour le prouver. ». Au fait, elle est où toute cette paperasse ? Dans le classeur, dans le sous-sol chez mes parents ? Meeeerde !

Mon coeur bat la chamade. « Mais on s’en fout de ce cours ! C’est de la vieille histoire tout ça. J’ai depuis complété des études universitaires en sciences sociales et en communications. Et ça fait plus de dix ans que je travaille en comms, pas comme ingénieure ! Je n’en ai même pas besoin... ». Rien à faire. Les hommes en noir restent de glace. Le message est clair : j’ai 24 heures pour réviser la matière, me rendre au collège Ahuntsic passer un examen synthèse et rectifier la situation. Sinon, je suis démasquée et le sol s’ouvre sous mes pieds. Fade to black...

Dans la scène suivante, je suis agenouillée dans mon bureau à la maison en train de fouiller frénétiquement dans mes bibliothèques, à la recherche du cartable rose à anneaux en plastique mou. « Pourquoi ça m'arrive toujours ce genre de trucs ? ». C’est de la folie. Je vais me faire crucifier. Je ne me souviens même plus comment résoudre une dérivée. Je continue mes recherches, vide des boîtes, renverse les tiroirs... Le voilà, je suis sauvée ! The clock is ticking... Pas grave, au pire j’apprendrai tout par coeur. C’est ce que j’ai toujours fait de toute façon ! Et là horreur, je découvre des feuilles mobiles jaunies parsemées de notes d’une pâleure extrême, complètement illisibles, la voix de mon père résonnant à mes oreilles : « ça ne vaut rien ces pousse-mines, va me chercher un HB ! ». Je suis faite. C’est la fin. Je me réveille en sursaut, paniquée. Les première fois, il m’est même arrivé d’aller contempler en pleine nuit mes diplômes encadrés, afin de me rassurer. Du pur délire ? Non, de la peur. Une peur irrationnelle dont j’ai abondamment parlé et qui m’habite depuis des années.


Quand même, ça faisait un moment que les inspecteurs n’étaient pas venus interrompre mon sommeil. Il faut dire que depuis un an, je me suis appliquée à batter une par une mes craintes et mes insécurités. D’abord, la peur de ce qu’allaient penser les autres si j’arrêtais de travailler, la peur d’écrire et de publier ce blogue, puis la peur de courir.

Ha ben voilà, la course. Même si je m’entraîne depuis la fin de l’été et que je cours maintenant 10k plusieurs fois par semaine, dans ma tête, je restais une amateure, une joggeuse du dimanche. Alors pour me prouver que j’étais une  « vraie », je me suis inscrite à une course... Quelle idée, moi qui déteste la compétition ! Ha, les excuses pathétiques que j’ai évoquées pour me dérober ! « J’ai une tendance agoraphobe », « je vais me faire bousculer », sans oublier l’ultime : « je vais sûrement finir bonne dernière ».

C’est donc avec une extrême nervosité que je suis débarquée au Parc Jean Drapeau dimanche dernier pour le 5k de la Banque Scotia. Complètement intimidée par tous ces athlèthes en collants noirs ceinturés de bouteilles d’eau, j’ai commencé à me demander ce que je faisais là. À la ligne de départ, j’avais les jambes molles et la patate qui me débattait. « Voyons bordel, c’est juste un p’tit 5k, ya des gamins de dix ans qui courent ça ! ». Et puis, comme tout le monde, je suis partie... En plus du soleil matinal, du ciel bleu et de l’incroyable énergie des autres coureurs, c’est à la liberté que j’ai goûté en ce matin frisquet d’avril. Je n’oublierai jamais ce moment.

J’ai hâte de voir si les hommes en noir vont avoir le guts de me payer une autre visite nocturne... Si c’est le cas, je sais maintenant que je peux changer le sénario et m’enfuir en courant. Bonne chance pour me rattraper les mecs.



mardi 24 avril 2012

Les voisins

C’est ce moment de l’année. Je stationne ma voiture chez Loblaws et j’aperçois la pépinière saisonnière : les sacs de terre empilés, les annuelles cordées, les BBQ et les meubles de patio et tout d’un coup, je me sens immensément déprimée. Ha merde, pas encore...

Pour n’importe quel Montréalais sain d’esprit, l’ouverture des centres de jardin, les fleurs suspendues devant les dépanneurs de quartier et le grand ménage du printemps sont synonymes de temps chaud, de bière et de sangria. Pas pour moi, la folle, qui angoisse déjà à l’idée des corvées qui m’attendent : le désherbage, l’étalement du fumier de mouton composté et de l’engrais azoté granulé, le taillage de ma haie de cèdres (oublie pas, pas avant le mois de mai, pas après juillet), la peinture de ma clôture qui n’en finit plus de finir, l’arrosage « timé » des différentes sections de ma pelouse, les dizaines d’appels à des contracteurs pas fiables, les heures passées sur Internet à comparer les modules de jeux extérieurs, les piscines gonflables et les carrés de sable...

J’étais bien moi cet hiver, cloîtrée dans ma maison avec les volets fermés. Tout le monde hibernait et je n’étais au courant des projets de personne. Mais avec la belle température, ils sont tous dehors à gratter et à remplir leurs sacs de montagnes de feuilles mortes et de mauvaises herbes, à mesurer et à tirer des plans, question de me mettre de la pression et de me rappeler que je n’ai encore rien commencé et que je suis mal organisée. Et si j’ai le malheur de repérer quelqu’un dans le quartier en train de power-washer son entrée de garage ou de discuter avec un gars bedonnant en T-shirt gris et en bottes de construction, je sens que je devrais moi aussi être en train de faire quelque chose ! Je suis incapable de relaxer dans ma cours sans passer en revue tout ce qui cloche sur mon terrain et faire l'inventaire des travaux effectués par mes voisins et que nous devrions nous aussi, nécessairement entreprendre.

Quelle idée saugrenue d’avoir acheté une maison ! Moi qui ai toujours rêvé de vivre à New York ou d’un loft avec terrasse dans le vieux Montréal... Pas de passer mes weekends à obsséder sur un gazon qui ne pousse pas, décaper des soffites décrépis et contempler du mortier qui s’effrite ! Mais j’étais tannée de me faire marcher sur la tête. Je le voulais mon petit oasis urbain pour siroter mon thé glacé assise sous le tilleul et jouer au ballon pieds nus dans l’herbe avec mes enfants...

En fait, ce billet aurait pu s’intituler Incapacité chronique à assumer ses choix. Je n’aime pas et je n’aimerai jamais jardiner, entretenir, rénover etc. Cela a été statué à maintes reprises. Alors pourquoi ne pas l’accepter plutôt que de continuer à m’imposer tout ça ? Pourquoi ne pas profiter de ma propriété tout simplement, en me disant que j’ai toute la vie devant moi pour l’embellir ? Mon chum lui, ne ressent aucune culpabilité. Il est parfaitement heureux de boire sa Heineken évaché dans une chaise de jardin sale, au beau milieu d’un champ de pisenlis. Pourquoi ne pas adopter moi aussi cette attitude zen ? Seigneur, plutôt mourir !

Tout ça me déçoit beaucoup. J’aurais espéré qu’avec le marathon de travaux que je me suis tapé l’été dernier (et l'écoeurantite aiguë qui en a résultée), j’aurais appris quelque chose. Apparemment pas. Je me vois aller encore cette année, je fatigue, je surveille mes voisins, je fais des listes... Peut-être que j’ai besoin d’un électrochoc, de poser un geste drastique, question de mettre fin une fois pour toutes à ce délire ? En fait, j’avais pensé m’asseoir au milieu de mon jardin en friche comme un bouda, me rouler un petit morceau de tourbe, le remplir de fumier de crevette Premier Bio Max et le fumer. Je suis certaine que mes voisins, que j'adore et qui ignorent tout de ma psychose estivale, trouveraient ça fantastique et s’en rouleraient un eux aussi !





vendredi 13 avril 2012

La médaillée olympique

J’adore les Jeux olympiques. Je compte déjà les jours qui me séparent de ceux de Londres, qui auront lieu à la fin juillet et que j’ai l’intention de suivre religieusement pendant deux semaines. Je me souviens comme si c’était hier des premiers jeux que j’ai regardé à la télé, ceux de Sarajevo à l’hiver 1984. De Gaétan Boucher et des danseurs sur glace Torvill et Dean et de leur interprétation inégalée du Boléro de Ravel. Puis des jeux d’été de Los Angeles, avec Alex Baumann, Sylvie Bernier et mon moment préféré de tous les temps, que je me suis amusé à reproduire cent fois dans ma cours avec mes petites voisines : le 10 de la gymnaste américaire Mary Lou Retton au saut de cheval, lui permettant de ravir l’or in extremis à la roumaine Ekaterina Szabo. Depuis, je n’ai jamais manqué les Jeux et à chaque fois, je pleure comme une madeleine, le dernier épisode de larmes dans mon salon ayant été déclenché par la médaille de bronze de Joannie Rochette !

Les records du monde, les revirements spectaculaires, le dépassement de soi et l’émotion brute me fascinent. Et vous l’aurez deviné, le talent, l’atteinte de la perfection, le respect et l’admiration, sont des thèmes qui résonnent particulièrement chez moi. En fait, c’est comme ça que je vis ma vie. Chaque situation, chaque projet, est abordé comme s’il s’agissait d’une compétition d’envergure internationale. Mes réalisations, toutes plus spectaculaires les unes que les autres, révèlent mon talent au grand jour. Je me retrouve propulsée sous les feux de la rampe, louangée, admirée par mes pairs et dans mes moments de délire extrême, par le monde entier, pourquoi pas ! Disons que l’histoire est plus belle dans ma fantaisie...

Parce que pendant que je rêvasse à mon triomphe, mon rapport à la réalité est plutôt inexistent. Et l’euphorie du départ fait vite place à l’angoisse et à l’anxiété de performance liées à l’atteinte de ces résultats olympiens. L’objectif ultime d’épater l’univers au grand complet pèse tout à coup très lourd sur mes épaules...

Prenez la course à pied par exemple. Au départ, c’est vrai, j’avais décidé de le faire pour moi et personne d’autre. Mais rapidement, j’ai commencé à me projeter. J’étais à peine capable de compléter 5 km sans baver comme un escargot asthmatique que déjà, je m'imaginais victorieuse au marathon de New York ! Le problème, c’est que quand je laisse ces images de médailles et de podiums envahir mes pensées, j’oublie ce que je suis en train de faire, comment je suis sensée le faire et surtout, pourquoi et pour qui je le fais. La projection prend le dessus, gâche complètement l’expérience du moment présent et souvent, donne un résultat très moyen.

HOW HAS GOD BLESSED YOU TODAY? est la subtile question existentielle affichée sur l’enseigne de l’église anglicane de Montréal Ouest, qui se trouve sur l’un de mes parcours. J’ai toujours détesté ce genre de preachage publicitaire mais n’empêche que ce petit évangile à 5 cents a eu vite fait de me rappeler à l’ordre. Maintenant, quand je l’aperçois, je me dis « Deux jambes pour courir et la santé. Respire la grande, le ciel est bleu, la vie est belle. ». Et je me promets qu’à qu’à partir de maintenant, je ferai les choses rien que pour moi. Au diable les olympiques !

Jusqu’à ce que je m’installe devant mon ordinateur pour écrire ce blogue. Un autre projet personnel qui ne devait jamais être exposé à mes excès imaginaires de gloire et de perfection... Mais c’est plus fort que moi. Coiffée de ma couronne de lauriers, je vole vers de nouveaux sommets ! Chaque billet doit être une perle littéraire, puisque ce futur recueil d'histoires risque certainement de devenir un Coup de coeur de Renaud-Bray... Je suis incorrigible.






jeudi 5 avril 2012

Just Park It!

Si je vous dit « just park it », vous pensez à quoi ? À moi en train de négocier un parallèle dans une rue étroite du Plateau ? Et bien vous saurez que je suis capable de stationner une sportive berline 4 portes avec boîte manuelle et traction arrière n’importe où en ville, dans un banc de neige s’il le faut, avec deux enfants qui crient à tue-tête ! Cela n’a absolument rien à voir avec le thème de ce billet mais j’ai toujours rêvé d’écrire ça quelque part un jour. Je le dédie à mes amies du secondaire, qui ont toutes obtenu leur permis avant moi mais qui aujourd’hui conduisent des minivans automatiques et magasinent dans des méga-centres de banlieue. Voilà, c’est fait, je vous aime pareil !

Alors, « just park it », ça vient d’où et ça veut dire quoi ? De mon chum bien sûr, passionné de sport automobile, qui en désespoir de cause a eu recours à une image mentale simple et efficace ( de gars !), pour me faire décrocher de mon trouble compulsif d’over-analyse de situations sans issue. Bon, on s’entend, les situations en question ne sont pas sans issue (vous connaissez mon penchant pour le drame), seulement compliquées ou stressantes.

J’ai fait ma job. Tout est planifié et en ordre. Comment se fait-il que les autres soient incapables d’en faire autant ? J’ai fait des dizaines d’appels, sorti le gros cash pour faire venir un essoucheur d’urgence chez nous la veille d’un congé férié, pour me faire dire par le contracteur que finalement, les travaux de paysagement qui devaient débuter à la première heure le lendemain n’auront pas lieu avant une semaine. Argh !

Moi : « Tu sais pas ce que le gars vient de me dire ! ».

Le chum : « Ouain, j’avoue, c’est plate. ».
Moi : « Plate... c’est tout ? ».
Le chum : « Ben ya rien qu’on peut faire pour le moment. ».
Moi : « Comment ça rien ? Moi j’avais prévu me ronger les sangs, bitcher non-stop et être insupportable pendant trois jours ! ».
Le chum : « Why don’t you just park it? ».
Moi : « Whoa, what? ».
Le chum : « Yeah, stop thinking about it. Forget it for a while and when it’s time to deal with it, deal with it. ».

Ayoye, « parker » un problème, du jamais vu ! Imaginez le nombre de fois où je n'ai eu aucun contrôle sur les évènements... Si au lieu de m'acharner comme un chien sur un os et de broyer du noir pendant des heures, j'avais sagement mis la situation de côté et je m’étais concentrée sur quelque chose de plus productif, pour y revenir plus tard, ressourcée, avec les idées claires... Je serais peut-être encore en vie professionnellement !


Alors voilà, depuis la dernière année, je « parke » mes petits problèmes ici et là... Honnêtement, au début, je ne les stationnais pas souvent ni très longtemps, en proie à une irrépressible envie de ressasser constamment le pourquoi-du-comment. Heureusement, le désir profond de conserver mon énergie pour les choses importantes, m’a incité à persévérer et à poursuivre l'exercice.

Ça marche quand même ces petites tactiques. C'est Janette Bertrand qui l’a dit cette semaine aux Lionnes ! Je sais, je sais, j’avais dit que je lâcherais ça Les lionnes (en reprise en plus !) mais c’est fini là, elles quittent définitivement les ondes de Radio-Canada aujourd’hui... N’empêche, c’est souvent le soir, en pliant mon lavage et en les écoutant distraitement commenter l’actualité de façon confuse, que j’ai trouvé des solutions à plusieurs problèmes que j’avais parkés !





vendredi 23 mars 2012

Mon petit baril

Ceux et celles qui me connaissent depuis longtemps savent que j’ai un tempérament... disons inégal. Dans les bons moments, on me définit généralement comme une fille passionnée, dans les moins bons, comme une impulsive et dans les périodes d’anxiété extrême, comme une hystérique. Le dernier qualificatif n’ayant jamais été prononcé devant moi mais ayant été pensé haut et fort, je le sais, par ceux qui ont eu la malchance de goûter à ma médecine.

Je me sens souvent comme une victime, une incomprise dont l’opinion n'est pas respectée. Cette sensation d’injustice, alimentée par une profonde insécurité, crée chez moi un mécontentement quasi-constant. Je boude, je me plains, je critique sans arrêt et lorsque les insatisfactions s'accumulent et atteignent un niveau insupportable, j’explose. Comment se fait-il qu’on n’ait pas anticipé mes attentes, mes besoins ? Peut-être parce que tu ne les as pas exprimés ma grande ! Moi, la communicatrice professionnelle, je n’ai pas fait l’effort. Pourquoi ? Parce que les autres sont supposés savoir ! C’est écrit dans ma face que j’ai trop de projets à gérer, mon boss devrait savoir ça ! J’en ai plein le dos de ramasser des traîneries partout dans la maison, mon chum devrait s'en douter ! Et surtout, j’en ai marre de me répéter. Parce qu’une insécure-anxieuse-pompée, que personne ne comprend, ça répète : « Tu comprends-tu ! ». « Oui... ça fait trois fois que tu m'expliques exactement la même chose. ». « Oui mais as-tu bien compris, parce qu’il me semble que ca fait 1000 fois que je te le dis et ça ne se rend pas ! ».

En fait, ça fait peut-être 1000 fois que je le dis mais sans jamais l’avoir exprimé correctement. J’ai tellement emmagasiné de frustrations et je suis tellement en colère, que je n’arrive plus à identifier ce qui me préoccupe vraiment et à l’articuler de façon cohérente. Tout ce qui m’intéresse, c’est de marquer des points, de prouver que j’ai été lésée et je n’y vais pas avec le dos de la cuillère, oubliant parfois moi-même le respect et la politesse.

La confrontation permanente, tout comme le perfectionnisme et autres travers largement documentés dans ce blogue, ont bien failli avoir ma peau. Certains matins, je me suis regardée dans la glace et je me suis sentie aussi moche que quand j’avais fumé trop de cigarettes la veille, fatiguée et déçue d’être devenue l’esclave de mes émotions débridées.

Ces émotions d'une rare intensité, en pagaille entre mes deux oreilles, ont fait l’objet d’une longue et douloureuse évalutation au cours de la dernière année. Comment faire pour composer avec cet aspect si important de ma personnalité sans l’enrayer complètement, sans porter atteinte à mon identité ? Comment faire travailler cette sensibilité émotionnelle pour moi et non contre moi ?

La course à pied, bien sûr. Sérieusement, si je n’avais pas découvert cette fantastique évasion, je serais sur les grosses pillules ! Mais aussi deux autres révélations : l’expression de mes besoins, qui ne sont pas une évidence pour les autres et surtout, le délai de réaction. Attendre un peu au lieu de réagir à chaud, prendre du recul afin d’évaluer les perceptions. Avoir la maturité de se contenir et de choisir un meilleur moment pour discuter... Souvent, le délai aide à dédramatiser. Ce qui me semblait inacceptable il y a une heure a tout à coup beaucoup moins d’importance à mes yeux.

Afin de m’aider dans ma démarche, je m’imagine souvent en baril de bière qui libère son doux nectar houblonné en petites quantités ! Bien que peu flatteuse, cette image mentale est très efficace et quand même plus rigolote et réconfortante que celle d’un volcan déchaîné dont la lave brûlante détruit tout sur son passage...

Bon, il faut quand même être réaliste. Je n’aspire pas à devenir une personne d'humeur égale. Ce n’est pas moi et ça ne le sera jamais. Mais mon dieu que ça fait du bien de débarquer des montagnes russes une fois de temps en temps et de goûter à une version light de Catherine Masson. Santé !




jeudi 15 mars 2012

Se tricoter une confiance

Les bérets du Mile End, les abribus réconfortants, le « yarn bombing » dans le métro et même le grand Gilles Renaud qui amène pelotes et aiguilles sur le plateau des Enfants de la télé... le tricot est partout ! Je ne suis pas en reste, puisque depuis un an, je me suis mise moi aussi au tricotage ou plus précisément au détricotage-retricotage. L’objectif derrière ce nouveau projet ? La confiance. Oui. Cette belle confiance en soi, toute en équilibre et en subtilité, qui demeure pour moi un concept insaisissable, une quête du Saint Graal. Si je la possédais, elle ferait mon bonheur et je pourrais enfin dormir en paix, au lieu de passer des nuits blanches à essayer de la fabriquer. Je peine, je besogne à la bâtir cette foutue confiance mais tout ce que je construis finit toujours par s’effondrer. Normal, quand on applique une couche de béton sur un château de cartes...

La Psy : Vous allez bien ?
Moi : Oui, oui...
La Psy : ...

Moi : Bon, en fait mon but est de... comment je dirais bien ça, ramasser des bouts de confiance qui traînent ici et là et faire un beau collage avec ça ?
La Psy : La confiance est un thème qui vous préoccupe, n’est-ce pas ?
Moi : Heu, ouais, c’est assez central à mon syndrome.
La Psy : Effectivement.
Moi : J’essaie... continuellement, éperdument, jusqu’à épuisement mais ça marche pas fort mon affaire.
La Psy : Vous essayez comment ?
Moi : Ben, je vis ma vie et en parallèle je me bâtis une confiance... genre dans mes temps libres ?
La Psy : Ha...

Figurez-vous que « se bâtir une confiance » n’est pas un hobby qu’on pratique quelques fois par semaine mais plutôt un projet totalement intégré au moment présent, sur lequel on bosse à tous les jours. Une aptitude, une force qu'on développe et qui s'acquiert au fil de chaque petite réalisation qui nous fait sentir bien et à notre place... Pas évident pour une imposteure de première, une perfectioniste finie qui ressasse continuellement le passé, angoisse sur le futur et oublie de vivre dans le présent.

La Psy : Vous tricotez ?
Moi : Euh non, pas trop mon genre. Je laisse ça aux mamies et aux hippies végétaliennes... Bon, j’ai peut-être déjà tricoté une fois, chez les soeurs, dans mon cours d’économie familiale, pourquoi !?
La Psy : Votre château de cartes, ça s’arrange.
Moi : ...
La Psy : En détricotant les mailles du passé et en les retricotant comme il faut.
Moi : Hallelujah ! Le Saint Graal, enfin à ma portée !

Défaire les mailles d’un long foulard mal tricoté avec lequel j’étais en train de me pendre et le refaire, génial ! Alors je me suis mise à détricoter en malade et à retricoter encore plus frénétiquement, sauf que ça n’a pas marché comme je voulais. J’ai défais trop de mailles, trop vite, je me suis empêtrée dans les fils, j’ai refais les mêmes rangées de mailles, encore tout croche. Et le maudit foulard, il était toujours aussi laid, plein de trous et de noeuds... Un bon matin, j’ai carrément décidé de le foutre à la poubelle et d’en créer un nouveau, tout beau et tout parfait. Mais au moment de le commencer, j’ai eu un blanc. Comment on fait pour partir du début, avec rien ?

Alors j’ai repêché le long foulard imparfait et je l’ai regardé, comme il faut. Pendant des semaines, voir des mois, je n’ai fait que le contempler sans même y toucher. Au bout d’un moment, j’ai fini par le voir autrement : un ouvrage complexe, confectionné de façon non-orthodoxe, voilà ! À chaque jour, je l’examine et je décide ce qui vaut la peine d’être détricoté et retricoté. Certaines sections restent intactes, témoins des erreurs du passé et rappel des gaffes à ne pas refaire, et de nouvelles viennent se greffer.

Même si je suis particulièrement fière des mauvaises mailles que j’ai récemment retricotées, j’avoue avoir un faible pour les nouvelles boucles, fraîchement entrelacées. De belles rangées de mailles encore difficiles à rabattre avec assurance mais que bientôt je croiserai les yeux fermés. Finalement, ça rock le tricot !




vendredi 2 mars 2012

The Shadow

Everything was going just fine. Fine and dandy.
But I got ahead of myself.
As if this battle was going to be won that easily.
It happened on a Friday morning.
I was jogging back home, exhausted but proud, when he ran passed me.
A blond Iron man, unbothered by the cold, wearing shorts and flashy sneakers.
He was lightning fast, way too fast.
Fascinated, forgetting to breath, I nearly stopped in my tracks.
All my achievements of the past six months shattered, gone in smoke.
I knew nothing of this man.
Perhaps he had just started running minutes before I saw him...
Perhaps he had been running for 10 years...
Perhaps I should not have given a damn!
Ever since that encounter, my runs have been excruciating.

My breathing is off, my legs hurt, the voice in my head is making itself at home again... and there’s the shadow.
I can see it from the corner of my eye, long and dark, filling me with self-doubt.
I could stop right there, walk home with my tail between my legs and tell myself it’s been a great ride but that the party is over.
And then, your iPod spits out that song.
The one that makes you feel invincible.
You start breathing again, smiling.
You hear their little voices saying “Mommy, tu vas courir ?”
And you turn that corner.
The sun is in your back and the wind is pushing you.
The shadow becomes a whole new shape before your eyes: the promise of what you could become if you choose not to quit.
And you start running faster to catch it.



vendredi 24 février 2012

Entre les deux, mon coeur balance

Petite fille, on m’avait surnommée Catherine le papillon. J’ai toujours eu de la misère à me brancher et à assumer mes décisions. « T’es une instable influençable » me disait mon père pour me taquiner... Je veux être pianiste ! Cinq ans de cours plus tard pour réaliser que j’aurais été meilleure en violon... Gymnastique ! Sauf que les maillots sont plus beaux au ballet Jazz et on peut danser sur du Michael Jackson... Ouiiii maman, je veux continuer à faire de l’équitation tout l'hiver... Finalement, je préfère aller en ski avec les copains... Natation, natation aaaall the way ! Wow, le Water Polo c’est vraiment hot... « Catherine, est-ce que tu veux faire partie de l’équipe provinciale de Water Polo ? » Heu, je sais pas, quatre pratiques par semaine ça laisse pas beaucoup de temps pour le p'tit chum ni pour aller niaiser au parc après les cours... Non merci. Hum, non merci... Eille, ces filles là sont allées aux Olympiques ! Ben c’est pas ça que tu voulais à ce moment là. Ben je sais pu... Ben non, souviens-toi, tu voulais aussi avoir du temps pour jouer au basket, aller à Génies en herbe et passer à la télé... Oui mais si j’avais dit oui... Oui mais t’as dit non... Argh !

Même scénario lors de ma grossesse et de mon retour au travail : Je vais prendre le petit congé, sept mois à la maison ça va être en masse... Je les aime tellement, je ne serai jamais capable de m’en séparer... C’était malade le 5 @ 7 du bureau, boire du vin rouge et fumer des clopes avec les collègues, ça me change des couches et des biberons... Je pleure, je ne les vois que deux heures et demi par jour et le weekend, je suis claquée, en convalescence de ma semaine, c’est pas une vie ça... Je veux être une maman à la maison, parce que si je travaille 40 heures par semaine, je moffe mes enfants c’est certain... Sauf que si je reste chez nous, je saborde ma carrière... C’est décidé, j’opte pour la job pénarde de fonctionnaire... Au secours, je meurs, j’ai besoin de feux d’artifices !

Cela fait 37 ans que je navigue dans les eaux troubles de ma petite tête fragile et je ne semble pas encore avoir identifié ce qui me rend heureuse... En fait, non. Je sais très bien ce qui me rend heureuse : plein de choses, trop de choses ! Je suis une passionnée, une gourmande de la vie. Je veux tout en même temps et j’ai toujours peur de manquer quelque chose. Je carbure à l'adrénaline mais j’ai besoin de temps pour ne rien faire et rêver. Et je sais aussi ce qui me rend malheureuse : je suis une très mauvaise jongleuse... Ou peut-être que j’essaie d’attraper toutes les balles que la vie me lance et de les manier à la perfection, sans jamais en échapper aucune ? Et chaque décision devient insupportable. J’ai toujours l’impression d’avoir fait le mauvais choix, parce que ce qui semblait évident il y a six mois, ne fait plus de sens aujourd’hui. Je reviens sans cesse sur les événements, je déforme la réalité...

J’en ai parlé ouvertement à maintes reprises, je suis carrément en rééducation depuis un an. En désintox de mon perfectionnisme maladif que j’ai poussé à l’extrême. Ce n’est pas évident, cent fois plus ardu que d’arriver à courir un 10 k mais c’est possible. Pour l’une des rares fois dans ma vie, je n’ai pas regretté ma décision de consacrer plus de temps à ma famille. Je l’ai over-analysée, je l’admets mais sans jamais la remettre en question. En fait, ma réflexion a davantage portée sur la façon d’exprimer les différentes facettes de ma personnalité sans constamment me sentir coupable. J’en suis venue à la conclusion qu’il est tout à fait normal et acceptable de passer par différentes phases. Qu’il n’y a rien de mal à y aller mollo si on en a besoin ou tout simplement envie, que si l’on décide d’y aller à fond la caisse, rien ne sera parfait mais que le chaos aussi ça peut être beau. Et surtout, qu’il n’existe pas une seule et unique façon de bien vivre sa vie.




Note : Si vous souhaitez être informés de la publication de chaque nouveau billet, vous n'avez qu'à aimer la page Facebook d'Imposteure.

mercredi 22 février 2012

L'Imposteure a sa page Facebook

Imposteure est maintenant sur Facebook ! Si vous avez envie d’être informés de la publication de mes nouveaux billets, vous n’avez qu’à aimer la page :
https://www.facebook.com/pages/Imposteure/312148608833741?sk=wall

Cette initiative permettra aux lecteurs qui ne sont pas nécessairement mes amis Facebook de recevoir les mises à jour, ainsi qu’à ceux et celles qui sont membres sur Blogger mais qui ne reçoivent jamais mes billets par courriel. Désolée... je n’ai jamais réussi à le faire fonctionner !

Et parce que je n’ai évidemment pu résister à la folie Pinterest, j’ai aussi eu envie d'utiliser mon blogue pour commenter mes tableaux d’inspiration virtuels.

Merci de me lire!

Catherine

vendredi 17 février 2012

Elle l'a

La dentiste qui a trois enfants, une clinique privée sur Monkland et qui travaille quatre jours/semaine, elle l’a. La princesse de Hampstead au volant de son Range Rover avec son latte et ses Ray-Ban, qui joue au tennis et qui s’assume, elle l’a. La designer qui pose dans le Elle Québec avec son bébé hypster, elle l’a. La jeune entrepreneure, l’animatrice télé, la publicitaire, la « Directrice »... elles l’ont toutes l’affaire.

Je suis entourée de filles qui ont tout pour elles et surtout, pour qui tout semble facile. D’abord, mes copines, qui mènent de brillantes carrières en plus d’être des blondes et des mères dévouées, des cordons bleus à faire pâlir d’envie Josée di Stasio, des sportives accomplies et des décoratrices dont les maisons pourraient se retrouver en page couverture du Chez soi et tout ça, sans sacrifier la pédicure ni la mise en pli !

Mais j’admire aussi de pures inconnues que je croise dans la rue ou que je vois à la télé et dans les magazines. Lors de mon dernier voyage à New York, j’ai passé une matinée au musée Guggenheim en comgagnie de mon chum. Alors qu’il se pâmait devant les toiles de Kandinski et Picasso, j’avais plutôt décidé de concentrer mon attention sur une jeune curatrice ; la parfaite new-yorkaise branchée du Upper West Side, impeccablement vêtue en Prada, Louboutins aux pieds et iPhone en main... J’étais bouche bée d’admiration. Elle n’était peut-être qu’une simple stagiaire sous-payée partageant un logement miteux avec cinq autres filles mais ce n’était pas l’image que j’avais décidé de m’en faire. Elle avait tout pour elle et je voulais être cette fille à la job de rêve et au bureau fermé avec vue sur Central Park ! Je suis devenue complètement obsédée, ayant même considéré m’inscrire au programme de maîtrise en histoire de l’art de l'université McGill... Et j’ai toujours un « modèle » en banque. Une fille au curriculum vitae exceptionnel que je google régulièrement en me disant « Ha, si j’étais comme ça ». Tiens, en ce moment ma saveur du mois est Anne-Marie Withenshaw. Mon dieu qu’elle l’a l’affaire... et elle n’a que 33 ans !

À mes yeux, toutes ces filles dégagent la confiance et le bonheur et réussissent mieux que moi. L’image de perfection et de facilité qu’elles projettent me remet en plein visage ma réalité de fille désorganisée, débordée et stressée. Il me semble que tout irait mieux pour moi si je leur ressemblais. Si j’avais un bac en droit, si mes cheveux avaient du volume, si mes dents étaient droites, si je roulais en MINI crème avec un toit ouvrant et si ma maison était rénovée, je serais en contrôle de ma vie. Si j’étais membre d’une association professionnelle et si je gagnais 90k par année, je serais capable de sortir mon portefeuille à l’épicerie sans déverser tout le contenu de mon sac à main sur le plancher plein de slush. Capable d'emmitoufler mes enfants dans leurs habits de neige tout en discutant intelligemment avec les autres mamans dans l’entrée de la garderie sans suer à grosses goûtes. Capable de préparer à chaque soir un souper savoureux et équilibré en 15 minutes. Capable de devenir « Directrice »...

C’est complètement dingue parce que quand on parle de « l’avoir l’affaire », j’ai tout : la santé, un toit au dessus de ma tête, l’amour de mon conjoint, de mes enfants etc. Mais ce n’est pas de ça dont il s’agit mais bien de « l’image ». Je suis prisonnière de l’image que je me fais des autres et de celle que me renvoie mon miroir : un brouillon.

Je sais pertinemment que quand je pars sur des dérapes de comparaison, je me fais du mal. Se comparer aux autres, c’est le début de la fin. C’est LA façon de se rendre malheureuse. Mais souvent, je trouve ça plus facile et plus réconfortant de me convaincre que si j’étais comme
« une telle » tout irait mieux... En tout cas, moins compliqué que de définir ce qui me rend heureuse et que de trouver ma place.







vendredi 3 février 2012

Heart Sinking Feeling


Notre belle langue française possède une richesse sans pareil mais mon dieu que j’aime l’anglais pour ses expressions percutantes, intraduisibles et d’une incroyable justesse, comme par exemple Heart Sinking Feeling. Le coeur qui coule, qui sombre... Bonk ! La sensation de fin du monde, c’est tellement mais tellement ça.

Je me souviens exactement quand je l’ai ressentie pour la première fois. J’étais en cinquième année et ma classe venait tout juste de compléter l’examen du Ministère en français. À la récré, tout le monde s’était réuni dans la cours d’école pour discuter de la dernière question... « Hein, quelle dernière question ? ». « Ben oui, la question à développement... celle au verso ». Ha shit... me semblait aussi que c’était pas normal que je sois la première à sortir. Bonk !

Ce feeling, je l’ai éprouvé un nombre incalculable de fois dans ma vie. Au cégep, dans le cours de chimie de Boris Alexandrov, fixant le gros 40 % inscrit en rouge sur ma copie d’examen. À l’université, tenant d’une main tremblante ma carte étudiante, essayant de trouver mon score sur la feuille 8.5 x 11 collée sur la porte du bureau du prof. Yorku200816421... A !? Non, plus comme B-. En écoutant le message du gars sur le répondeur « c’est pas toi, c’est moi ». En lisant la lettre de refus de la faculté de droit de l’université McGill. En regardant mon boss froncer les sourcils à la lecture de mon communiqué de presse... Bonk ! Bonk ! Bonk ! Vous saisissez.

C’est normal de se sentir comme ça quand on découvre en se levant un matin que sa voiture n’est plus dans l'entrée de garage. Quand le téléphone sonne à 3:00 du mat. Quand ton
kid traverse la rue sans regarder mais à tout bout de champ et la plupart du temps dans des situations imaginaires ? Ça n’a pas de bon sang. Curieusement, dans les vrais moments difficiles de ma vie, je n’ai jamais ressenti ce feeling ! À 19 ans, quand ma mère m’a trouvée à moitié consciente sur le plancher de la salle de bain en pleine crise d’appendicite ? Nope. Lors de mon accouchement par césarienne d’urgence ? Non plus. Pourquoi s’énerver ? Il y avait plein de beaux professionnels de la santé éduqués autour de moi qui allaient régler ça...

Il a beaucoup été question de perte d’énergie dans ce blogue. Ok, j’ai eu des jumeaux mais on s’entend que mon hypersensibilité et mes réactions disproportionnés à chaque petit détail de ma vie sont aussi à l’origine de cet épuisement. Parce que quand mon coeur sombre, je ne fonctionne plus. Et quand je réalise que je me suis mise dans cet état pour rien, je me sens soulagée mais aussi complètement vidée. J’ai envie de dormir pendant une semaine ! Sans parler des cheveux gris qui s’accumulent et des rides qui se creusent sur mon front...


Peut-être que dans le fond, je suis trop privilégiée... J’ai besoin de vrais problèmes pour réaliser à quel point tout ça est ridicule. Mais c’est tellement ancré en moi, appris. J’ai de la difficulté à réagir autrement, à faire en sorte que la première émotion que je ressens soit autre chose que ce bonk retentissant et anéantissant.

D’ailleurs, dans quelques minutes, quand je vais appuyer sur le bouton Publish, je sais que je vais me sentir comme ça... Alors je vais aller courir. Parce que même s’il fait froid et que j'ai plutôt envie de m'écraser dans le divan avec un bon livre et un café, j’aime quand même mieux aller geler que de repêcher mon coeur en miettes dans le fond de mon estomac.




jeudi 26 janvier 2012

Dérives délirantes de mon imagination

"It's not my fault that you lost your way, your insanity will prevail":
http://www.youtube.com/watch?v=K1wWLGWPYx4&feature=related

C’est la fin des classes et la fin du primaire. À la petite école Sainte-Béatrice, on organise une remise de prix pour souligner l’excellence des jeunes élèves en français, mathématiques, sports etc. La soirée tire à sa fin quand soudain, on me nomme... Je suis la première surprise, moi qui suis plutôt du genre bavarde et distraite en classe. Je monte sur la minuscule scène du gymnase pour y récupérer une plaquette en bois pré-fini ornée d’une insigne dorée (que j’ai toujours d'ailleurs), un prix soulignant... mon imagination ! Je viens tout juste d’avoir douze ans.

De l’imagination, j’en ai toujours eu en quantité industrielle. Enfant unique pendant huit ans, entourée d’adultes, je m’en servais pour attirer l’attention, inventer des mondes et sauver mes fesses lorsque je faisais des mauvais coups. C’est cette même imagination qui m’a permis de me démarquer sur le plan professionnel et surtout, de rêver afin d’échapper au cynisme du quotidien. Une imagination débordante, qui a toujours été pour moi une source de fierté, jusqu’à ce que l’imposteure s’en mêle. Parce qu’une imagination qui alimente la créativité c’est génial mais une imagination mélangée à un manque d’assurance et à un soupçon de paranoïa, c’est un très mauvais cocktail...

Vous vous souvenez certainement du gag vieux comme le monde : « Quand les joueurs de
football forment un cocus, que font-ils ? Ils parlent dans ton dos ». Et bien je l'ai toujours ri jaune, parce que la plupart du temps je suis convaincue que tout le monde parle contre moi. Les petites collégiennes qui rient entre elles dans l’autobus, mon chum qui ferme la porte du bureau pour parler au téléphone avec sa mère, les esthéticiennes de la manucure-pédicure qui discutent en vietnamien, le couple au resto qui me regarde de travers parce que je suis assise seule à ma table... oui, oui, ce genre de trucs complètement débiles. Et ça c’est quand je n’en rajoute pas moi-même : « Je sais, je fais dur ce matin mais les enfants sont malades, j’ai passé une mauvaise nuit, je suis brûlée, je n’ai pas eu le temps de m’arranger ! », laissant mes interlocuteurs pantois : « Heu, on n’avait pas remarqué... ».

Mais mes pires délires se sont certainement produits au boulot. Comme vous le savez parce que vous me lisez depuis maintenant quatre mois, j’ai un besoin maladif d'approbation et de reconnaissance. Même si on m’assure que je fais de l’excellent travail, je suis toujours convaincue d’être nulle. Alors si j’aperçois mon « client » en train de discuter à voix basse avec une collègue ou pire, avec mon patron, je panique. Et cela va bien au delà d’une simple pensée effleurant mon esprit, c’est toute une histoire qui se construit. Bientôt toute la compagnie va découvrir que je suis incompétente ! Jusqu’à ce que je réalise qu’il n’était évidemment pas question de moi et me dise qu’il est temps de faire ma petite valise pour l’Hôpital Douglas...


Quand j’ai finalement décidé d’aborder le sujet avec la Psy, j’étais presque gênée. « Je passe pour une belle égocentrique ! La fille se croit tellement importante qu'elle pense que le monde tourne autour d’elle, franchement ! »... C’est là qu’elle m’a parlé de narcissisme. À ne pas confondre avec les imbus d’eux-mêmes, ceux dont l'ego démesuré ne passe plus dans les portes mais plutôt le narcissisme comme fondement de la confiance en soi. Lorsqu’il est défaillant, le terme peut désigner l’importance excessive accordée à « l’image » de soi...

Bon... et bien en attendant d’entamer une autre phase du grand projet de rénovation de ma personnalité, je vais continuer à rédiger mon blogue. Non mais c’est vrai, depuis que je me suis lancée dans ce projet, j’ai le sentiment d’arriver à canaliser mon imagination de façon positive, à dédramatiser, à prendre du recul et même à rire de moi... Ha, Ha, Ha... hum.