vendredi 13 avril 2012

La médaillée olympique

J’adore les Jeux olympiques. Je compte déjà les jours qui me séparent de ceux de Londres, qui auront lieu à la fin juillet et que j’ai l’intention de suivre religieusement pendant deux semaines. Je me souviens comme si c’était hier des premiers jeux que j’ai regardé à la télé, ceux de Sarajevo à l’hiver 1984. De Gaétan Boucher et des danseurs sur glace Torvill et Dean et de leur interprétation inégalée du Boléro de Ravel. Puis des jeux d’été de Los Angeles, avec Alex Baumann, Sylvie Bernier et mon moment préféré de tous les temps, que je me suis amusé à reproduire cent fois dans ma cours avec mes petites voisines : le 10 de la gymnaste américaire Mary Lou Retton au saut de cheval, lui permettant de ravir l’or in extremis à la roumaine Ekaterina Szabo. Depuis, je n’ai jamais manqué les Jeux et à chaque fois, je pleure comme une madeleine, le dernier épisode de larmes dans mon salon ayant été déclenché par la médaille de bronze de Joannie Rochette !

Les records du monde, les revirements spectaculaires, le dépassement de soi et l’émotion brute me fascinent. Et vous l’aurez deviné, le talent, l’atteinte de la perfection, le respect et l’admiration, sont des thèmes qui résonnent particulièrement chez moi. En fait, c’est comme ça que je vis ma vie. Chaque situation, chaque projet, est abordé comme s’il s’agissait d’une compétition d’envergure internationale. Mes réalisations, toutes plus spectaculaires les unes que les autres, révèlent mon talent au grand jour. Je me retrouve propulsée sous les feux de la rampe, louangée, admirée par mes pairs et dans mes moments de délire extrême, par le monde entier, pourquoi pas ! Disons que l’histoire est plus belle dans ma fantaisie...

Parce que pendant que je rêvasse à mon triomphe, mon rapport à la réalité est plutôt inexistent. Et l’euphorie du départ fait vite place à l’angoisse et à l’anxiété de performance liées à l’atteinte de ces résultats olympiens. L’objectif ultime d’épater l’univers au grand complet pèse tout à coup très lourd sur mes épaules...

Prenez la course à pied par exemple. Au départ, c’est vrai, j’avais décidé de le faire pour moi et personne d’autre. Mais rapidement, j’ai commencé à me projeter. J’étais à peine capable de compléter 5 km sans baver comme un escargot asthmatique que déjà, je m'imaginais victorieuse au marathon de New York ! Le problème, c’est que quand je laisse ces images de médailles et de podiums envahir mes pensées, j’oublie ce que je suis en train de faire, comment je suis sensée le faire et surtout, pourquoi et pour qui je le fais. La projection prend le dessus, gâche complètement l’expérience du moment présent et souvent, donne un résultat très moyen.

HOW HAS GOD BLESSED YOU TODAY? est la subtile question existentielle affichée sur l’enseigne de l’église anglicane de Montréal Ouest, qui se trouve sur l’un de mes parcours. J’ai toujours détesté ce genre de preachage publicitaire mais n’empêche que ce petit évangile à 5 cents a eu vite fait de me rappeler à l’ordre. Maintenant, quand je l’aperçois, je me dis « Deux jambes pour courir et la santé. Respire la grande, le ciel est bleu, la vie est belle. ». Et je me promets qu’à qu’à partir de maintenant, je ferai les choses rien que pour moi. Au diable les olympiques !

Jusqu’à ce que je m’installe devant mon ordinateur pour écrire ce blogue. Un autre projet personnel qui ne devait jamais être exposé à mes excès imaginaires de gloire et de perfection... Mais c’est plus fort que moi. Coiffée de ma couronne de lauriers, je vole vers de nouveaux sommets ! Chaque billet doit être une perle littéraire, puisque ce futur recueil d'histoires risque certainement de devenir un Coup de coeur de Renaud-Bray... Je suis incorrigible.






1 commentaire:

  1. Dans le fond, je suis comme Winston Churchill. Quand on lui a demandé quel était son secret pour rester en santé il a répondu: sports, no sports at all.

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