vendredi 4 mai 2012

Le cauchemar du calcul différentiel et intégral

C’est toujours le même rêve. Je suis assise à mon poste de travail quand soudain, deux hommes en noir se dirigent vers moi. Mon estomac se noue. Ça y est, on me congédie ! C’est pire. Les agents viennent m’informer que selon « leurs dossiers », je n’ai pas réussi mon cours de math 103 au cégep, ce qui invalide mon DEC, mon Bac, mon DESS et par conséquent, toute ma carrière en communications.

Je proteste : « ok, c’est vrai, je l’ai coulé, puis abandonné mais le l’ai finalement réussi en cours d’été. Je le jure ! J’ai encore tous mes bulletins et une copie de mon diplôme d’études collégiales pour le prouver. ». Au fait, elle est où toute cette paperasse ? Dans le classeur, dans le sous-sol chez mes parents ? Meeeerde !

Mon coeur bat la chamade. « Mais on s’en fout de ce cours ! C’est de la vieille histoire tout ça. J’ai depuis complété des études universitaires en sciences sociales et en communications. Et ça fait plus de dix ans que je travaille en comms, pas comme ingénieure ! Je n’en ai même pas besoin... ». Rien à faire. Les hommes en noir restent de glace. Le message est clair : j’ai 24 heures pour réviser la matière, me rendre au collège Ahuntsic passer un examen synthèse et rectifier la situation. Sinon, je suis démasquée et le sol s’ouvre sous mes pieds. Fade to black...

Dans la scène suivante, je suis agenouillée dans mon bureau à la maison en train de fouiller frénétiquement dans mes bibliothèques, à la recherche du cartable rose à anneaux en plastique mou. « Pourquoi ça m'arrive toujours ce genre de trucs ? ». C’est de la folie. Je vais me faire crucifier. Je ne me souviens même plus comment résoudre une dérivée. Je continue mes recherches, vide des boîtes, renverse les tiroirs... Le voilà, je suis sauvée ! The clock is ticking... Pas grave, au pire j’apprendrai tout par coeur. C’est ce que j’ai toujours fait de toute façon ! Et là horreur, je découvre des feuilles mobiles jaunies parsemées de notes d’une pâleure extrême, complètement illisibles, la voix de mon père résonnant à mes oreilles : « ça ne vaut rien ces pousse-mines, va me chercher un HB ! ». Je suis faite. C’est la fin. Je me réveille en sursaut, paniquée. Les première fois, il m’est même arrivé d’aller contempler en pleine nuit mes diplômes encadrés, afin de me rassurer. Du pur délire ? Non, de la peur. Une peur irrationnelle dont j’ai abondamment parlé et qui m’habite depuis des années.


Quand même, ça faisait un moment que les inspecteurs n’étaient pas venus interrompre mon sommeil. Il faut dire que depuis un an, je me suis appliquée à batter une par une mes craintes et mes insécurités. D’abord, la peur de ce qu’allaient penser les autres si j’arrêtais de travailler, la peur d’écrire et de publier ce blogue, puis la peur de courir.

Ha ben voilà, la course. Même si je m’entraîne depuis la fin de l’été et que je cours maintenant 10k plusieurs fois par semaine, dans ma tête, je restais une amateure, une joggeuse du dimanche. Alors pour me prouver que j’étais une  « vraie », je me suis inscrite à une course... Quelle idée, moi qui déteste la compétition ! Ha, les excuses pathétiques que j’ai évoquées pour me dérober ! « J’ai une tendance agoraphobe », « je vais me faire bousculer », sans oublier l’ultime : « je vais sûrement finir bonne dernière ».

C’est donc avec une extrême nervosité que je suis débarquée au Parc Jean Drapeau dimanche dernier pour le 5k de la Banque Scotia. Complètement intimidée par tous ces athlèthes en collants noirs ceinturés de bouteilles d’eau, j’ai commencé à me demander ce que je faisais là. À la ligne de départ, j’avais les jambes molles et la patate qui me débattait. « Voyons bordel, c’est juste un p’tit 5k, ya des gamins de dix ans qui courent ça ! ». Et puis, comme tout le monde, je suis partie... En plus du soleil matinal, du ciel bleu et de l’incroyable énergie des autres coureurs, c’est à la liberté que j’ai goûté en ce matin frisquet d’avril. Je n’oublierai jamais ce moment.

J’ai hâte de voir si les hommes en noir vont avoir le guts de me payer une autre visite nocturne... Si c’est le cas, je sais maintenant que je peux changer le sénario et m’enfuir en courant. Bonne chance pour me rattraper les mecs.



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