jeudi 28 juin 2012

Faire face à soi-même

« Nos plus grandes craintes, comme nos plus grandes espérances, ne sont pas au-dessus de nos forces et nous pouvons finir par dominer les unes et réaliser les autres ». - Marcel Proust, Le temps retrouvé (La recherche du temps perdu)

* À mon frère Laurent

Comme le temps file. J’ai réalisé aujourd’hui en consultant mes stats sur Blogger que plus personne ne me lisait... Euh normal, ça fait un mois que je n’ai rien publié ! J’ai effectivement négligé copieusement mes obligations de blogueuse, trop occupée à courir, à assouvir mon désir maladif de perfection à travers divers projets d’aménagement paysager et avouons-le, à siroter beaucoup trop de verres de rosé. Je tiens donc à m’excuser auprès de mes fidèles lecteurs et à vous rassurer, ce n’est pas la fin d'Imposteure... enfin presque.

J’ai passé pas mal de temps à réfléchir à mon blogue au cours des dernières semaines, particulièrement à la direction que j’aimerais lui faire prendre. Je ne l’ai jamais caché, ce projet s’inscrivait dans une démarche plus large visant à mieux comprendre un trouble d’anxiété devenu carrément handicapant, tout en me permettant d’exploiter ma passion pour l’écriture. Vingt-cinq billets plus tard, je pense avoir gagné mon pari. Vous avez été nombreux à souligner mon « courage » mais ma plus grande satisfaction réside dans le fait d’avoir réussi à toucher les gens. J’ai été agréablement surprise par l'accueil que vous m’avez réservé et émue à la lecture de vos messages et commentaires, qui m’ont confirmé que je n’étais pas seule dans mon bateau. Même si à la base ce projet était pour moi, votre feedback positif m’a rassurée quant à la pertinence de mes écrits et m’a donné le guts de continuer. Pour cela, je vous serai éternellement reconnaissante.

Ceci étant dit, neuf mois plus tard, vous assistez à la naissance d’une nouvelle moi ! Non, non, j’ai déjà écrit là-dessus, on ne change pas qui on est, on apprend à vivre avec... Mais disons que je ressens moins le besoin de m’exprimer sur le doute, l’over-analyse, l’atteinte de la perfection et autres sujets tordus si chers à l’Imposteure.


Le moment charnière est survenu le 17 juin dernier au Lac Brome, jour de mon 38 ième anniversaire. Dans la navette qui amenait les coureurs à la ligne de départ, le destin a fait en sorte que Pierre, un beau monsieur dans la cinquantaine, s’assied à côté de moi. Adepte de course à pied depuis huit ans, coureur d’ultra-marathons à Hawaii et au Colorado..., il accompagnait sa conjointe qui courait le 10k pour la première fois. Il était curieux de connaître mon histoire, que je lui ai racontée hésitante et un peu gênée, la trouvant évidemment banale comparée à la sienne... C’est là qu’il m’a dit « Tu sais Catherine, ici, tout le monde est égal. Tu fais ça pour toi. C’est ça la beauté de la course. ». Le Dalai Lama lui-même ne m’aurait pas offert plus belle révélation ! Pour la première fois de ma vie, j’ai eu l’impression d’avoir rapport, d’être enfin à ma place, parce que c’est là que j’avais décidé d’être, tout simplement. Et j’ai passé l’heure suivante à réfléchir à ma vie, à mes choix et au chemin parcouru depuis la dernière année. Ha oui, et à être fière aussi. Sans complexes et sans retenue. Juste fière.

L’inspiration étant plus ou moins au rendez-vous (une bonne chose pour ma santé mentale, moins pour la blogueuse en herbe !), j’ai donc décidé de faire évoluer Imposteure au délà du « journal intime ». D’utiliser cette plate-forme pour réagir à l’actualité ou pour raconter d’autres anecdotes n’étant pas nécessairement alimentées par ma névrose personnelle ! Une de mes anciennes collègues avec qui j’ai travaillé lors de mon premier boulot en communications m’a dit un jour « Décidément, t'as toujours quelque chose à dire sur toute pis tout le monde toi ! ». Et ben voilà !

Soyez sans craintes, mon penchant pour les situations absurdes, l’auto-dérision, les pointes d’humour noir et autres éléments caractéristiques de mon style non-orthodoxe sont là pour rester. On ne change pas une formule gagnante ! Je conserve également la bannière de l’Imposteure. Comme j’ai une opinion bien arrêtée sur tout mais que je ne suis experte dans rien, mon nom de plume demeure tout à fait approprié ! Et finalement, parce qu’il y aura forcément quelques rechutes et épisodes de pétage de coches à l’horizon, je me réserve le droit de réouvrir mon journal de grande fille insécure afin de m’y défouler, quand le besoin se fera sentir. Imposteure un jour, imposteure toujours !

En espérant que vous continuerez de me lire. Bon été à tous !