vendredi 24 février 2012

Entre les deux, mon coeur balance

Petite fille, on m’avait surnommée Catherine le papillon. J’ai toujours eu de la misère à me brancher et à assumer mes décisions. « T’es une instable influençable » me disait mon père pour me taquiner... Je veux être pianiste ! Cinq ans de cours plus tard pour réaliser que j’aurais été meilleure en violon... Gymnastique ! Sauf que les maillots sont plus beaux au ballet Jazz et on peut danser sur du Michael Jackson... Ouiiii maman, je veux continuer à faire de l’équitation tout l'hiver... Finalement, je préfère aller en ski avec les copains... Natation, natation aaaall the way ! Wow, le Water Polo c’est vraiment hot... « Catherine, est-ce que tu veux faire partie de l’équipe provinciale de Water Polo ? » Heu, je sais pas, quatre pratiques par semaine ça laisse pas beaucoup de temps pour le p'tit chum ni pour aller niaiser au parc après les cours... Non merci. Hum, non merci... Eille, ces filles là sont allées aux Olympiques ! Ben c’est pas ça que tu voulais à ce moment là. Ben je sais pu... Ben non, souviens-toi, tu voulais aussi avoir du temps pour jouer au basket, aller à Génies en herbe et passer à la télé... Oui mais si j’avais dit oui... Oui mais t’as dit non... Argh !

Même scénario lors de ma grossesse et de mon retour au travail : Je vais prendre le petit congé, sept mois à la maison ça va être en masse... Je les aime tellement, je ne serai jamais capable de m’en séparer... C’était malade le 5 @ 7 du bureau, boire du vin rouge et fumer des clopes avec les collègues, ça me change des couches et des biberons... Je pleure, je ne les vois que deux heures et demi par jour et le weekend, je suis claquée, en convalescence de ma semaine, c’est pas une vie ça... Je veux être une maman à la maison, parce que si je travaille 40 heures par semaine, je moffe mes enfants c’est certain... Sauf que si je reste chez nous, je saborde ma carrière... C’est décidé, j’opte pour la job pénarde de fonctionnaire... Au secours, je meurs, j’ai besoin de feux d’artifices !

Cela fait 37 ans que je navigue dans les eaux troubles de ma petite tête fragile et je ne semble pas encore avoir identifié ce qui me rend heureuse... En fait, non. Je sais très bien ce qui me rend heureuse : plein de choses, trop de choses ! Je suis une passionnée, une gourmande de la vie. Je veux tout en même temps et j’ai toujours peur de manquer quelque chose. Je carbure à l'adrénaline mais j’ai besoin de temps pour ne rien faire et rêver. Et je sais aussi ce qui me rend malheureuse : je suis une très mauvaise jongleuse... Ou peut-être que j’essaie d’attraper toutes les balles que la vie me lance et de les manier à la perfection, sans jamais en échapper aucune ? Et chaque décision devient insupportable. J’ai toujours l’impression d’avoir fait le mauvais choix, parce que ce qui semblait évident il y a six mois, ne fait plus de sens aujourd’hui. Je reviens sans cesse sur les événements, je déforme la réalité...

J’en ai parlé ouvertement à maintes reprises, je suis carrément en rééducation depuis un an. En désintox de mon perfectionnisme maladif que j’ai poussé à l’extrême. Ce n’est pas évident, cent fois plus ardu que d’arriver à courir un 10 k mais c’est possible. Pour l’une des rares fois dans ma vie, je n’ai pas regretté ma décision de consacrer plus de temps à ma famille. Je l’ai over-analysée, je l’admets mais sans jamais la remettre en question. En fait, ma réflexion a davantage portée sur la façon d’exprimer les différentes facettes de ma personnalité sans constamment me sentir coupable. J’en suis venue à la conclusion qu’il est tout à fait normal et acceptable de passer par différentes phases. Qu’il n’y a rien de mal à y aller mollo si on en a besoin ou tout simplement envie, que si l’on décide d’y aller à fond la caisse, rien ne sera parfait mais que le chaos aussi ça peut être beau. Et surtout, qu’il n’existe pas une seule et unique façon de bien vivre sa vie.




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mercredi 22 février 2012

L'Imposteure a sa page Facebook

Imposteure est maintenant sur Facebook ! Si vous avez envie d’être informés de la publication de mes nouveaux billets, vous n’avez qu’à aimer la page :
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Cette initiative permettra aux lecteurs qui ne sont pas nécessairement mes amis Facebook de recevoir les mises à jour, ainsi qu’à ceux et celles qui sont membres sur Blogger mais qui ne reçoivent jamais mes billets par courriel. Désolée... je n’ai jamais réussi à le faire fonctionner !

Et parce que je n’ai évidemment pu résister à la folie Pinterest, j’ai aussi eu envie d'utiliser mon blogue pour commenter mes tableaux d’inspiration virtuels.

Merci de me lire!

Catherine

vendredi 17 février 2012

Elle l'a

La dentiste qui a trois enfants, une clinique privée sur Monkland et qui travaille quatre jours/semaine, elle l’a. La princesse de Hampstead au volant de son Range Rover avec son latte et ses Ray-Ban, qui joue au tennis et qui s’assume, elle l’a. La designer qui pose dans le Elle Québec avec son bébé hypster, elle l’a. La jeune entrepreneure, l’animatrice télé, la publicitaire, la « Directrice »... elles l’ont toutes l’affaire.

Je suis entourée de filles qui ont tout pour elles et surtout, pour qui tout semble facile. D’abord, mes copines, qui mènent de brillantes carrières en plus d’être des blondes et des mères dévouées, des cordons bleus à faire pâlir d’envie Josée di Stasio, des sportives accomplies et des décoratrices dont les maisons pourraient se retrouver en page couverture du Chez soi et tout ça, sans sacrifier la pédicure ni la mise en pli !

Mais j’admire aussi de pures inconnues que je croise dans la rue ou que je vois à la télé et dans les magazines. Lors de mon dernier voyage à New York, j’ai passé une matinée au musée Guggenheim en comgagnie de mon chum. Alors qu’il se pâmait devant les toiles de Kandinski et Picasso, j’avais plutôt décidé de concentrer mon attention sur une jeune curatrice ; la parfaite new-yorkaise branchée du Upper West Side, impeccablement vêtue en Prada, Louboutins aux pieds et iPhone en main... J’étais bouche bée d’admiration. Elle n’était peut-être qu’une simple stagiaire sous-payée partageant un logement miteux avec cinq autres filles mais ce n’était pas l’image que j’avais décidé de m’en faire. Elle avait tout pour elle et je voulais être cette fille à la job de rêve et au bureau fermé avec vue sur Central Park ! Je suis devenue complètement obsédée, ayant même considéré m’inscrire au programme de maîtrise en histoire de l’art de l'université McGill... Et j’ai toujours un « modèle » en banque. Une fille au curriculum vitae exceptionnel que je google régulièrement en me disant « Ha, si j’étais comme ça ». Tiens, en ce moment ma saveur du mois est Anne-Marie Withenshaw. Mon dieu qu’elle l’a l’affaire... et elle n’a que 33 ans !

À mes yeux, toutes ces filles dégagent la confiance et le bonheur et réussissent mieux que moi. L’image de perfection et de facilité qu’elles projettent me remet en plein visage ma réalité de fille désorganisée, débordée et stressée. Il me semble que tout irait mieux pour moi si je leur ressemblais. Si j’avais un bac en droit, si mes cheveux avaient du volume, si mes dents étaient droites, si je roulais en MINI crème avec un toit ouvrant et si ma maison était rénovée, je serais en contrôle de ma vie. Si j’étais membre d’une association professionnelle et si je gagnais 90k par année, je serais capable de sortir mon portefeuille à l’épicerie sans déverser tout le contenu de mon sac à main sur le plancher plein de slush. Capable d'emmitoufler mes enfants dans leurs habits de neige tout en discutant intelligemment avec les autres mamans dans l’entrée de la garderie sans suer à grosses goûtes. Capable de préparer à chaque soir un souper savoureux et équilibré en 15 minutes. Capable de devenir « Directrice »...

C’est complètement dingue parce que quand on parle de « l’avoir l’affaire », j’ai tout : la santé, un toit au dessus de ma tête, l’amour de mon conjoint, de mes enfants etc. Mais ce n’est pas de ça dont il s’agit mais bien de « l’image ». Je suis prisonnière de l’image que je me fais des autres et de celle que me renvoie mon miroir : un brouillon.

Je sais pertinemment que quand je pars sur des dérapes de comparaison, je me fais du mal. Se comparer aux autres, c’est le début de la fin. C’est LA façon de se rendre malheureuse. Mais souvent, je trouve ça plus facile et plus réconfortant de me convaincre que si j’étais comme
« une telle » tout irait mieux... En tout cas, moins compliqué que de définir ce qui me rend heureuse et que de trouver ma place.







vendredi 3 février 2012

Heart Sinking Feeling


Notre belle langue française possède une richesse sans pareil mais mon dieu que j’aime l’anglais pour ses expressions percutantes, intraduisibles et d’une incroyable justesse, comme par exemple Heart Sinking Feeling. Le coeur qui coule, qui sombre... Bonk ! La sensation de fin du monde, c’est tellement mais tellement ça.

Je me souviens exactement quand je l’ai ressentie pour la première fois. J’étais en cinquième année et ma classe venait tout juste de compléter l’examen du Ministère en français. À la récré, tout le monde s’était réuni dans la cours d’école pour discuter de la dernière question... « Hein, quelle dernière question ? ». « Ben oui, la question à développement... celle au verso ». Ha shit... me semblait aussi que c’était pas normal que je sois la première à sortir. Bonk !

Ce feeling, je l’ai éprouvé un nombre incalculable de fois dans ma vie. Au cégep, dans le cours de chimie de Boris Alexandrov, fixant le gros 40 % inscrit en rouge sur ma copie d’examen. À l’université, tenant d’une main tremblante ma carte étudiante, essayant de trouver mon score sur la feuille 8.5 x 11 collée sur la porte du bureau du prof. Yorku200816421... A !? Non, plus comme B-. En écoutant le message du gars sur le répondeur « c’est pas toi, c’est moi ». En lisant la lettre de refus de la faculté de droit de l’université McGill. En regardant mon boss froncer les sourcils à la lecture de mon communiqué de presse... Bonk ! Bonk ! Bonk ! Vous saisissez.

C’est normal de se sentir comme ça quand on découvre en se levant un matin que sa voiture n’est plus dans l'entrée de garage. Quand le téléphone sonne à 3:00 du mat. Quand ton
kid traverse la rue sans regarder mais à tout bout de champ et la plupart du temps dans des situations imaginaires ? Ça n’a pas de bon sang. Curieusement, dans les vrais moments difficiles de ma vie, je n’ai jamais ressenti ce feeling ! À 19 ans, quand ma mère m’a trouvée à moitié consciente sur le plancher de la salle de bain en pleine crise d’appendicite ? Nope. Lors de mon accouchement par césarienne d’urgence ? Non plus. Pourquoi s’énerver ? Il y avait plein de beaux professionnels de la santé éduqués autour de moi qui allaient régler ça...

Il a beaucoup été question de perte d’énergie dans ce blogue. Ok, j’ai eu des jumeaux mais on s’entend que mon hypersensibilité et mes réactions disproportionnés à chaque petit détail de ma vie sont aussi à l’origine de cet épuisement. Parce que quand mon coeur sombre, je ne fonctionne plus. Et quand je réalise que je me suis mise dans cet état pour rien, je me sens soulagée mais aussi complètement vidée. J’ai envie de dormir pendant une semaine ! Sans parler des cheveux gris qui s’accumulent et des rides qui se creusent sur mon front...


Peut-être que dans le fond, je suis trop privilégiée... J’ai besoin de vrais problèmes pour réaliser à quel point tout ça est ridicule. Mais c’est tellement ancré en moi, appris. J’ai de la difficulté à réagir autrement, à faire en sorte que la première émotion que je ressens soit autre chose que ce bonk retentissant et anéantissant.

D’ailleurs, dans quelques minutes, quand je vais appuyer sur le bouton Publish, je sais que je vais me sentir comme ça... Alors je vais aller courir. Parce que même s’il fait froid et que j'ai plutôt envie de m'écraser dans le divan avec un bon livre et un café, j’aime quand même mieux aller geler que de repêcher mon coeur en miettes dans le fond de mon estomac.