Ceux et celles qui me connaissent depuis longtemps savent que j’ai un tempérament... disons inégal. Dans les bons moments, on me définit généralement comme une fille passionnée, dans les moins bons, comme une impulsive et dans les périodes d’anxiété extrême, comme une hystérique. Le dernier qualificatif n’ayant jamais été prononcé devant moi mais ayant été pensé haut et fort, je le sais, par ceux qui ont eu la malchance de goûter à ma médecine.
Je me sens souvent comme une victime, une incomprise dont l’opinion n'est pas respectée. Cette sensation d’injustice, alimentée par une profonde insécurité, crée chez moi un mécontentement quasi-constant. Je boude, je me plains, je critique sans arrêt et lorsque les insatisfactions s'accumulent et atteignent un niveau insupportable, j’explose. Comment se fait-il qu’on n’ait pas anticipé mes attentes, mes besoins ? Peut-être parce que tu ne les as pas exprimés ma grande ! Moi, la communicatrice professionnelle, je n’ai pas fait l’effort. Pourquoi ? Parce que les autres sont supposés savoir ! C’est écrit dans ma face que j’ai trop de projets à gérer, mon boss devrait savoir ça ! J’en ai plein le dos de ramasser des traîneries partout dans la maison, mon chum devrait s'en douter ! Et surtout, j’en ai marre de me répéter. Parce qu’une insécure-anxieuse-pompée, que personne ne comprend, ça répète : « Tu comprends-tu ! ». « Oui... ça fait trois fois que tu m'expliques exactement la même chose. ». « Oui mais as-tu bien compris, parce qu’il me semble que ca fait 1000 fois que je te le dis et ça ne se rend pas ! ».
En fait, ça fait peut-être 1000 fois que je le dis mais sans jamais l’avoir exprimé correctement. J’ai tellement emmagasiné de frustrations et je suis tellement en colère, que je n’arrive plus à identifier ce qui me préoccupe vraiment et à l’articuler de façon cohérente. Tout ce qui m’intéresse, c’est de marquer des points, de prouver que j’ai été lésée et je n’y vais pas avec le dos de la cuillère, oubliant parfois moi-même le respect et la politesse.
La confrontation permanente, tout comme le perfectionnisme et autres travers largement documentés dans ce blogue, ont bien failli avoir ma peau. Certains matins, je me suis regardée dans la glace et je me suis sentie aussi moche que quand j’avais fumé trop de cigarettes la veille, fatiguée et déçue d’être devenue l’esclave de mes émotions débridées.
Ces émotions d'une rare intensité, en pagaille entre mes deux oreilles, ont fait l’objet d’une longue et douloureuse évalutation au cours de la dernière année. Comment faire pour composer avec cet aspect si important de ma personnalité sans l’enrayer complètement, sans porter atteinte à mon identité ? Comment faire travailler cette sensibilité émotionnelle pour moi et non contre moi ?
La course à pied, bien sûr. Sérieusement, si je n’avais pas découvert cette fantastique évasion, je serais sur les grosses pillules ! Mais aussi deux autres révélations : l’expression de mes besoins, qui ne sont pas une évidence pour les autres et surtout, le délai de réaction. Attendre un peu au lieu de réagir à chaud, prendre du recul afin d’évaluer les perceptions. Avoir la maturité de se contenir et de choisir un meilleur moment pour discuter... Souvent, le délai aide à dédramatiser. Ce qui me semblait inacceptable il y a une heure a tout à coup beaucoup moins d’importance à mes yeux.
Afin de m’aider dans ma démarche, je m’imagine souvent en baril de bière qui libère son doux nectar houblonné en petites quantités ! Bien que peu flatteuse, cette image mentale est très efficace et quand même plus rigolote et réconfortante que celle d’un volcan déchaîné dont la lave brûlante détruit tout sur son passage...
Bon, il faut quand même être réaliste. Je n’aspire pas à devenir une personne d'humeur égale. Ce n’est pas moi et ça ne le sera jamais. Mais mon dieu que ça fait du bien de débarquer des montagnes russes une fois de temps en temps et de goûter à une version light de Catherine Masson. Santé !
Si lucide et émotionnelle en même temps. Y'en a qui en aurait à apprendre de tels écrits empreints de sagesse.
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