jeudi 1 décembre 2011

La correction négative

Jusqu’à présent, mes billets ont été rédigés avec l’intention d’établir le personnage de l’imposteure en exposant ses origines. Un personnage qui a mis des années à se construire sur la base de croyances tenaces et de quêtes obsessionnelles, qui a pris des proportions démesurées et qui aujourd’hui tient le premier rôle dans ma vie. Avant d’entamer la portion anecdotique de la manifestation de mon syndrome, je souhaite aborder un dernier thème central à l'imposteure : la correction négative.

Ce billet aurait pu s’intituler « recherche compulsive de la perfection » mais je préfère employer le terme « correction négative », puisqu’il me rappelle les dictées de mon enfance. En fait, je vis une évaluation constante. Du levé au couché, du lundi au dimanche, du mois de janvier au mois de décembre, sans oublier les nombreux bilans de vie... de quoi vous rendre complètement dingue ! Vous vous demandez sûrement « mais qui l’évalue au juste ? ». Et bien moi... et surtout, les autres.

Pour me sentir à ma place, pour me valider comme fille « qui a rapport » dans son rôle de mère, dans sa job, dans ses interactions sociales, dans ses choix et dans la vie en général, je dois TOUJOURS obtenir une note parfaite. Je commence chaque journée avec un score de 100 % et au fil des heures, je perds des points, j’en regagne, j’en reperds etc. mais je termine rarement avec un score satisfaisant. Et même les journées remplies de bons coups finissent par être assombries par ce que je considère être des gaffes ou des erreurs monumentales. Des trucs mineurs mais qui dans ma tête, se transforment en scénarios de fin du monde !

C’est que dans le petit monde de Catherine Masson, un -1 à la dictée s’avère certainement un détail anodin pour le commun des mortels. Des dents croches -1, impatience avec mes enfants -1, un texte à retravailler -1, un deadline manqué -1, une engueulade avec mon chum -1, seulement 5km de jogging -1, une poutine...-10 !

La correction négative est devenue un handicap majeur dans ma vie. Parce qu’en plus de me l’imposer constamment, je ressasse « mes erreurs » jusqu’à épuisement. Au lieu de me dire « OK, c’était moyen mais c’est pas grave, je ferai mieux la prochaine fois », j’analyse et je décortique ad nauseam, jusqu’à me donner des migraines et à me causer de l’insomnie. Parce que « les erreurs » entachent ma dictée et me privent du score parfait qui valide ma compétence et ma pertinence, provoquant à tout coup une terrible remise en question et un torrent d’anxiété.

C’est récemment que j’ai pris conscience de ce comportement destructeur. Les quelques personnes à qui j’en ai parlé sont restées bouche bée devant la rigidité et la sévérité que je m’imposais. Et honnêtement, n’eût été du presto qui était sur le point de sauter, j’aurais continué à me corriger obstinément. Fait ironique, moi qui ai toujours détesté les examens...

Je progresse, même si le crayon rouge n’est jamais très loin. On ne se reprogramme pas aussi facilement ! En attendant, je m’accorde un point pour avoir été capable de reconnaître et de m’attaquer au problème.


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