vendredi 16 décembre 2011

Karaté ! Karaté ! Assassiner la voix

Je pense que je suis folle. So what, me direz-vous, on l’est tous un peu... Non mais vraiment folle, au point d’avoir souvent considéré faire ma petite valise et me présenter à l'urgence de l’hôpital Douglas. Histrionique ? Beaucoup. Hypocondriaque ? Énormément. Je me suis déjà auto-diagnostiquée tous les troubles mentaux du DMS-IV, de la bipolarité à la schizophrénie, en passant par les troubles obsessionnels compulsifs. C’est parce que voyez vous, j’entends une voix. Rien à voir avec les conspirations communistes imaginées par John Nash dans Beautiful Mind. Non, une seule et unique voix : la mienne. Méchante, intransigeante et sournoise. Toujours au rendez-vous pour me casser mon party et me rappeler que je suis juste ordinaire et dans les journées de grande forme, que je suis carrément nulle.

Je ne me souviens plus exactement quand « la voix  » est apparue. Elle a probablement toujours été là mais sa présence s’est intensifiée à la naissance de mes jumeaux et à pris une ampleur démesurée lors de mon retour au travail. Épuisée émotionnellement, siffonée par mes deux petits vampires, je n’avais plus la force mentale de la repousser. Toute résistance s’est avérée futile et « la voix  », triomphante, a fini par résonner dans tous les recoins de mon cerveau.

C’était au printemps et depuis, je tente par tous les moyens de m’en débarasser. J’ai d’abord essayé de l’envoyer paître mentalement, sans succès. Puis, de me répéter le grand classique des mantras féminins « t’es bonne, t’es belle, t’es capable ». La voix a trouvé ça pathétique et a ri à gorge déployée. Et il y a eu la goutte qui a fait débordé le vase : le blogue. « Tiens la voix !  ». « T’es bouchée, hein ! ». « Un beau blogue original, bien écris... ». La vache, elle a eu le culot de trouver ça poche !

Il ne me restait qu’une option : l’assassiner. Mais comment ? J’ai tout essayé, les insultes, les mantras, l’indifférence, rien ne marche, je suis infectée ! Un beau jour, j’ai simplement décidé de lui claquer la porte au visage en demandant à mon esprit de lui crier Karaté ! Karaté ! chaque fois qu’elle osait se présenter. Ça a marché... la voix a été affaiblie certes mais j’étais complètement brûlée, parce que tout un été de karaté mental, ça vous laisse la tronche en compote. Et moi qui me suis toujours sentie anormale... disons que Karaté ! Karaté ! n’a rien fait pour arranger l’auto-diagnostic de schizophrénie...

Six mois plus tard, la voix est encore présente mais elle vivotte. Et le plus extraordinaire dans tout ça, c’est que je suis en train de la mater avec nulle autre que la course à pied ! Ho, oui, la course. C’est une douce vengeance que de la faire mourir à petit feu en se mettant en forme, elle qui m’a répété si souvent que je n’étais pas une vraie joggeuse, que j'étais une pâte molle, une lâcheuse. Karate ! Karate ! a été remplacé par le rythme de mon souffle, le beat de la musique dans mes oreilles et le bruit de mes runnings sur l’asphalte.

Assassiner la voix, doucement, un entraînement à la fois. La sentir plus faible et plus essoufflée que moi. Encore trois petits kilomètres et elle sera morte et enterrée, je vous le jure.




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