vendredi 13 janvier 2012

Le coffre à crayons

Janvier. Le mois des résolutions, des cures de désintox et des nouveaux départs. Je n’y échappe pas, sauf que pour moi janvier est un mois comme un autre puisque des résolutions, j’en prends à tous les mois, à tous les jours et à toutes les heures. Et comme je ne fais pas les choses à moitié, les miennes vont bien au delà de la perte de poids ou de l’écrasement définitif d’une cigarette. En fait, toutes mes résolutions convergent vers un seul idéal : la création d’une « nouvelle moi ». 

Une entreprise tout à fait réaliste que de se réveiller un matin et de se répéter en allant au boulot : « aujourd’hui, je vais me trouver belle, aborder les défis avec confiance et optimisme et me foutre de l’opinion d’autrui ». C’est tout à fait moi ça !

Le projet de création de la « nouvelle moi  » est en chantier depuis la nuit des temps. Les travaux se déroulent continuellement et au fil des ans, ont pris de multiples visages : le Nouvel An, une nouvelle session, un abonnement au gym, une nouvelle garde-robe, un nouvel amoureux, un régime miracle, un nouvel emploi... Pourtant, la version 3.0 de Catherine Masson tarde à voir le jour. Après des années d’efforts soutenus, il me semble qu’on pourrait commencer à voir la lumière au bout du tunnel non ? Je me sens comme le CHUM de la croissance personnelle ! Et si j’avais mal travaillé ? Travaillé fort, certes mais tout croche ? Hum.

Janvier 2011. Je soupe avec une de mes amies, que je considère en fait être ma jumelle cosmique et dont l'indéfectible soutien à été central à la publication de ce blogue. Désillusionnée, au dessus d’un bol de Mac’n’Cheese fumant du Griffintown Cafe, je lui parle du nouveau boulot que j’occupe depuis à peine trois mois. Déçue par ce nouveau départ qui devait régler tous mes problèmes, changer ma vie et enfin faire émerger la « nouvelle moi »...

« Je suis tellement tannée de recommencer... » ;
« Je comprends le feeling... » ;
Silence.
« C’est comme un coffre à crayons. » ;
« Hein ? ».
« Ben oui, sté, quand on était au primaire, à chaque rentrée scolaire on faisait le ménage de notre coffre. On taillait nos crayons, on en achetait des nouveaux, des plus cool, qui sentaient la fraise et écrivaient rose bonbon. Le nouveau coffre allait forcément nous rendre plus brillantes et nous garantir de meilleures notes ! » ;
« Ouiiii ! ».

Je ne le savais pas encore mais en déconnant avec l’histoire du coffre à crayons, je venais de mettre le doigt sur le bobo. L’amélioration versus le changement radical ou la construction sur des bases déjà existantes plutôt que la tabula rasa à répétition, aura été l’une des grandes découvertes de ma vie adulte. Ça peut vous paraître cul cul mais d’arriver à prendre conscience qu’en dépit de mes efforts et de ma bonne volonté je ne construisais absolument rien, c’est méga.

Donc, exit le projet de la « nouvelle moi », fini le Phénix qui renaît de ses cendres après chaque mauvaise passe. J’ai plutôt décidé d’utiliser tous les morceaux de ma belle complexité à mon avantage. De mettre en valeur la vraie Catherine, avec ce qu’il y a de plus chouette et de moins reluisant et de commencer à avancer... Finally!

Ouain. L’idée est belle j’avoue mais la tentation des nouveaux départs est tellement forte ! Par exemple, hier, plantée devant le stand à revues, je regardais toutes les actrices et mannequins en page couverture et j’avais envie d’être comme elles ! J’ai même dû résister à l’envie de me teindre en blonde, question de marquer le coup de mes nouvelles réalisations !

Mais c’est comme le jogging et les endorphines. La sensation d’avancer au lieu de tourner en rond comme un hamster est rendue trop grisante pour lâcher.




1 commentaire: